Catastrophes naturelles, mondialisation financière et équipement du territoire

Publié le par djibaba.ingenieur.over-blog.com

10 août 2010 (Nouvelle Solidarité) – Comme chaque été, on nous montre les dégâts de la chaleur et de la pluie dans les hémisphère Nord et Sud. Mais plutôt que de jeter sans réfléchir l’anathème sur l’homme – « c’est le réchauffement climatique, le sur-trop d’activité humaine » – il faut faire usage d’un peu plus de méthode scientifique. Il n’y a de catastrophes naturelles que lorsque l’activité humaine ne s’est pas suffisamment déployée pour en prévenir les effets. Historiquement parlant, depuis l’avènement de la mondialisation financière dans les années 1970, notre planète souffre d’un déséquipement croissant, proportionnellement à la surface terrestre occupée et nécessaire à la survie d’une population croissante.

* En Russie, sous l’effet de fortes chaleurs, les incendies se multiplient et ravagent le pays, ses récoltes et ses villages. Mais l’ampleur des dégâts est entièrement due à la désintégration des zones rurales débutée en 1992 avec les politiques ultra-libérales poussées par les intérêts financiers anglo-américains et leur trio Thatcher-Bush-Mitterrand. Depuis, la Russie a perdu 7 millions d’habitants et un tiers de ses villages. Comme l’a expliqué Arkady Tishkov, directeur du département géographique de l’Académie des sciences russe, 13 000 villages ont disparus et 35 000 ont désormais moins de 10 habitants et donc plus aucune activité transformatrice. La disparition de milliers de petites exploitations agricoles a laissé à l’abandon les champs et les pâturages où la végétation à pu croître et s’accumuler comme jamais. Dans les régions de Moscou, Tver, Riazan et Vladimir, les systèmes de régulation artificielle de l’eau des tourbières sont en ruine, et les tourbières asséchées prennent feu sans que l’on puisse y ramener de l’eau. De surcroît, l’office des forêts a été démantelé et la gestion des bois a été laissée aux grands propriétaires terriens qui n’exploitent la forêt que pour un profit immédiat. Pour Tischkov, ces incendies sont « le premier signal d’alarme nous mettant en garde contre la dé-écologisation de l’économie et de la société ».

* Au Sahel, c’est la grande sécheresse qui menace la vie de 10 millions de tchadiens, nigériens, burkinabés, maliens, nigérians et mauritaniens. L’absence totale d’un système d’infrastructures permettant de revitaliser le lac Tchad et d’irriguer les terres agricoles de toute la région en est la cause première, alors que ces projets sont dans les cartons depuis 25 ans.

* En France aussi, la sécheresse frappe 42 départements et menace certaines productions agricoles, tant céréalières qu’animales. A l’image des projets de réservoirs des Coteaux de Gascogne et des canaux de Provence, réalisés sous l’impulsion du volontarisme et du crédit public pendant les 30 glorieuses, l’homme peut s’affranchir facilement des aléas naturels. Mais même « en France », l’on n’en a plus le courage.

* Les inondations monstres survenant en Chine, en Inde, au Pakistan, sont également due à l’absence d’infrastructures adéquates. Des inondations dévastatrices survenaient aussi, par exemple, dans la vallée du Rhône… au XIXe siècle, avant que l’on entreprenne un véritable aménagement fluvial. Le barrage des Trois gorges en Chine est aussi exemplaire puisqu’il a mit fin aux fréquentes crues du fleuve qui pouvaient tuer des milliers de personnes chaque année.

Il est urgent de lancer de grands projets d’infrastructure pour changer la vie et la nature sur l’ensemble de la planète : irrigation, reverdissement, électricité, déplacements, fret, industrie. Il s’agit en réalité de « mettre aux normes » démographiquement notre planète. Stopper notre interventionnisme dans la nature, comme le veut le pessimisme « vert » promu par ces mêmes intérêts financier, ne fait que décroître la capacité d’accueil de la biosphère. L’homme doit renouer avec son rôle historique de jardinier de la planète. Le cœur de ces grands projets ne sera pas l’infrastructure elle-même, mais la mobilisation des peuples à se former, à travailler, à se rassembler pour bâtir un avenir meilleur. C’est peut-être utopique, mais beaucoup plus réaliste que de croire que l’on peut continuer au rythme où l’on va.

Publié dans climat

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article